Comme tant d’institutions internationales, le GIEC a failli.Son fameux signal d’alerte « +2°C d’ici 2100 » n’a entraîné aucun changement visible sur nos sociétés. Pourquoi un tel échec ?
1er épisode : pourquoi faut-il arrêter de parler de +2°C (ou plus) ?
Depuis trente ans, la plupart des données qui parlent de changement climatique proviennent du GIEC. Ce fameux Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat communique des chiffres parlant de changement global dans des rapports particulièrement indigestes.
Ainsi, il nous prédit une fin de siècle à +2°C, +3,5° surl’ensemble de l’année et sur l’ensemble du globe.
Est-ce la bonne façon de pousser les gens à agir ?
Ces informations sont tellement difficiles à s’approprier qu’il faut des experts très qualifiés pour expliquer ce que cela veut dire, et en quoi nos comportements devraient changer très vite.
Dès lors, pourquoi faut-il arrêter de parler de +2°C ou davantage ? Tout simplement parce que cet indicateur est inadapté.
Un seul chiffre, cinq absurdités.
Première absurdité, un horizon de temps trop lointain
Mauvaise nouvelle : en 2100, tous ceux qui sont en âge de lire cet article seront morts ou en fin de vie. Pourquoi s’entêter à communiquer sur une date aussi éloignée ?
Deuxième absurdité, la non-prise en compte des saisons
Qui donc parmi nous est capable de prendre en compte une température moyenne annuelle ? Entre l’hiver et l’été, on ne parle pas du tout de la même chose. En hiver, on a froid (normalement, en tout cas). En été, on a chaud (et on préférerait ne pas avoir trop chaud, dans la mesure du possible). Une température moyenne annuelle ne correspond pas à une réalité que nous puissions percevoir.
Troisième absurdité, donner une valeur pour le globe, sans tenir compte des lieux où vivent les gens
Pourquoi une augmentation de 2°C de la température moyenne annuelle sur l’ensemble du globe devrait-elle nous inquiéter ? Chaque jour, nous observons des différences de températures qui peuvent dépasser les 10°C. En dehors d’enfiler un manteau ou de le retirer, cela ne change pas vraiment notre vie. Cela amène les experts du GIEC et les commentateurs à devoir recourir à des analogies du type : « il y a 20 000 ans, avec 5° de moins, la Terre était couverte de glace ».
Quatrième absurdité, l’impossibilité de mesurer le changement en pourcentage
Quand notre salaire augmente ou baisse de 10%, cela signifie quelque chose pour nous. Même chose pour les factures d’énergie. Mais il est impossible de parler de variation de degrés en pourcentages. Si la température passe de 10 à 12°C, on ne peut pas dire qu’elle a augmenté de 20% !
Cinquième absurdité, une analyse du passé souvent négligée
Avec l’indicateur en degrés, l’analyse du passé n’a souvent aucun impact. Car si l’on vous dit que les températures ont augmenté d’un degré depuis le début des relevés météo, vous restez solidement ancré sur votre chaise, et passez au sujet suivant.
On voit d’ailleurs le résultat de tout cela. En dehors d’une larme qui coule de temps en temps à la vue d’un ours polaire isolé sur un iceberg, ou d’un vague soupir exprimé en voyant à la télévision les images d’un glacier qui recule, les comportements des citoyens n’évoluent pratiquement pas.
Les responsables politiques pensent la même chose, et il estdifficile de leur reprocher.
Nous allons nous attacher à décrire des propositions, et à montrer leur résultat tangible dans les deux épisodes qui viennent.